© François Goudier

L’être humain est une unité psychosomatique

Je me souviens de ces moments privilégiés pendant lesquels, alors que j’effectuais un stage en psychosomatique auprès du Professeur Mar-Olivier Bitker, ancien Chef de Service d’Urologie et de Transplantation de la Pitié-Salpêtrière, j’observais ce grand médecin investiguer l’histoire des patients hommes venus le consulter pour tel problème d’énurésie, des difficultés à maintenir une érection, ou encore des douleurs prostatiques, indiquant les signes d’une probable prostatodynie, etc…

Au final, le constat était toujours le même : les patients en question avaient vécu un changement brutal qui avait bouleversé l’homéostasie de leur vie corporelle et psychique : perte d’un emploi, stress au travail et manque de reconnaissance, naissance d’un enfant ayant remis en question la place de l’homme dans le couple, etc.

Bien entendu, le Professeur ne laissait jamais ces patients désemparés et leur prescrivait tel traitement médicamenteux pour soulager leurs maux. Soulager, mais pas toujours soigner et guérir. Car, le problème rencontré par le patient revenait après quelques semaines, les récidives étant bien trop souvent au rendez-vous des consultations en urologie… Le Dr. Isabelle Tostivint, spécialisée dans le traitement des lithiases urinaires, me raconta un jour qu’elle avait traité un patient 51 fois pour les mêmes calculs rénaux qui revenaient sans cesse… ! C’est dire que soigner la maladie n’est pas guérir le malade…

Que faire ?

Que faire alors pour aider ces patients désoeuvrés non seulement pour les soigner des maux dont ils souffrent mais pour contribuer au rétablissement de l’homéostasie somatopsychique ? Comment soigner le malade non simplement la maladie ? Que faire face aux maladies et au corps malade ?

Jusqu’à nos jours la médecine allopathique ou des médecines complémentaires pouvaient répondre à cette question, mais en partie seulement. Soigner le corps en ignorant l’existence des défenses de l’esprit ainsi que l’environnement de vie des patientes et des patients ne peut conduire qu’à des soins incomplets. On ne comprend pas bien souvent les raisons des récidives et des rechutes ! Les défenses de l’esprit ou système psychique aux côtés des défenses du système immunitaire permettent à un être humain de mieux faire face à la maladie et de mieux se soigner. Nous devons exclure l’idée que l’esprit peut causer à lui seul des maladies (c’est là la définition courante mais inadéquate du mot « psychosomatique » comme cause psychique à une pathologie somatique), il y participe sûrement mais n’en est jamais la cause unique. « Toutes les maladies sont psychosomatiques » affirme à raison le Professeur Stora.

A partir de la théorie des systèmes (L. von Bertalanffy), Jean-Benjamin Stora a développé l’approche de la « psychosomatique intégrative » qui inter-relie de façon dynamique la psychanalyse, la médecine et les neurosciences en vue d’expliquer les processus de somatisations, en proposant la théorie des cinq systèmes inter-reliés entre eux : le système psychique, le système nerveux central (SNC), le système nerveux autonome (SNA), système immunitaire et système génétique. Dans ce modèle, le système psychique participe aux somatisations sans en être la cause. Il s’agit d’une approche multicausale des maladies.

La psychosomatique intégrative constitue un nouveau modèle de fonctionnement de l’esprit dans la relation au corps malade : c’est une approche scientifique au carrefour de la métapsychologie, de la médecine, et des neurosciences. La psychosomatique Intégrative est une discipline dont l’objectif est d’étudier les interrelations entre Psychanalyse, Médecine et Neurosciences, afin de mieux appréhender les pathologies des patients somatiques et d’en évaluer les conséquences pour la santé des patients et l’observance des traitements.

Les défenses mentales constituent un système de défense aux côtés du système immunitaire. Le renforcement des défenses mentales protège les êtres humains des maladies et de leurs formes graves.

Le psychosomaticien est un praticien qui exerce hors du champ proprement médical mais une approche complémentaire à celle des médecins auxquels il entend prêter la main, seconder dans le travail qu’ils font avec leurs patients : il s’agit d’élargir l’investigation clinique et la prise en charge thérapeutique, en proposant à la fois une étude d’évaluation des risques psychosomatiques et un travail psychothérapeutique adapté à la situation vécue par les patients, c’est-dire en prenant en compte le corps et le rapport du malade à sa maladie et à son corps, tout autant que l’environnement dans lequel il évolue habituellement et son histoire de vie.

Grâce aux nombreuses recherches et à sa grande expérience, le Professeur Stora est parvenu à développer un modèle et aider ses patientes et patients grâce au système psychique à les protéger des troubles somatiques aux côtés du système immunitaire. C’est cet enseignement qu’il a eu à coeur de proposer dans le cadre du Diplôme Universitaire en Psychosomatique intégrative qu’il a crée à la Faculté de Médecine de Paris VI, puis de poursuivre au sein de l’Institut de Psychosomatique Intégrative à Paris.

Diplômes

  • Diplôme de Thérapeute psychosomaticien, délivré par le Professeur Jean Benjamin Stora, Institut de Psychosomatique Intégrative (IPSI, Paris).
  • Diplômé en « Psychosomatique intégrative » (médecine, neurosciences, psychanalyse), Faculté de Médecine Pierre & Marie Curie, Paris 6, Hôpital La Pitié-Salpêtrière, Paris. (Stage de 6 mois en Psychosomatique intégrative , consultation du Professeur Marc-Olivier Bitker, Chef de service d’urologie et de transplantation, Hôpital La Pitié-Salpêtrière, Paris).

Les médecins poursuivent avec beaucoup de naïveté leur projet « magnifique » de santé intégrative qui ne fait à aucun moment appelle à un modèle de l’esprit dans la relation avec le corps. Ils oublient complètement que les défenses mentales constituent un système de défense aux côtés du système immunitaire. Le renforcement des défenses mentales protège les êtres humains des maladies et de leurs formes graves.
J.-B. Stora

Pour en savoir plus, quelques livres…

Le corps est celle salle de cinéma dont l’obscurité est nécessaire à la clarté du spectacle.
Maurice Merleau-Ponty

© François Goudier